Des nichoirs pour les espèces saproxylophages

Les insectes saproxyliques vivent au dépend du bois mort ou dépérissant. Ils interviennent avec de nombreux organismes dont des bactéries et des champignons dans la décomposition naturelle du bois. Parmi ces insectes, le Pique-prune ou Osmoderme (Osmoderma eremita) est la plus grande cétoine d’Europe, une espèce clé des communautés de coléoptères saproxyliques. Sa rareté est notamment liée à sa faible capacité de dispersion. C’est un indicateur de la continuité de présence des vieux arbres à cavités dans une histoire millénaire qui a suivi la recolonisation forestière post-glaciaire.

Cette espèce et les autres espèces rares associées vivent aujourd’hui dans de très rares paysages forestiers qui ont conservé des vieux arbres et ceci de manière continue dans le temps. En Europe, ces espèces subsistent notamment dans des paysages agricoles traditionnels composés de vieux arbres à cavités : dans certains bocages et vergers. Ces paysages disparaissant et, plus rapidement encore, les arbres à cavités qui s’y trouvent. Il est nécessaire de pallier le manque de cavités prévisible entre celles que portent les vieux arbres en train de disparaître et le renouvellement de ces arbres à échéance d’au moins un demi-siècle.

 

 

 

 

Des cavités artificielles pour préserver la faune saproxylique

Suite à son engagement sur des mesures compensatoires du projet autoroutier A28 pour lequel il est le concessionnaire, Vinci Autoroutes a poursuivi volontairement ses interventions pour la conservation de ce patrimoine naturel en confiant à l’Office de génie écologique la réalisation de cavités artificielles. Dix boîtes en chêne massif ont été construites et remplies d’un mélange de sciure et de matières organiques pour reconstituer un terreau favorable à ces es

 pèces exigeantes.

Le principe a été repris d’une expérience initiée par Nicklas Jansson en Suède. En 10 ans, il a obtenu une colonisation d’environ 75% de la faune des coléoptères saproxyliques dont l’Osmoderme, des espèces présentes dans les cavités des arbr

es situés autour des cavités artificielles qu’il avait mise en place. Dans notre expérience, la pose des dix boîtes a été effectuée en novembre 2018 avec la collaboration du Conseil départemental de la Sarthe, partenaire de ces études avec O.G.E. depuis plus de 25 ans.

Cet été au 3ème point bisannuel réalisé par O.G.E. Vincent Vignon et le CD72 Anthony Belleteste, nous avons eu la joie de trouver les premiers indices de présence d’Osmoderme dans l’une des ces cavités artificielles. Le terreau qui s’est mis en place dans toute les boîtes à une composition, une texture et une humidité très comparable à celles des cavités des vieux châtaigniers greffés qui sont présents autour de ces boîtes.

D’autres espèces ont colonisée ces cavités artificielles : des ténébrions, des cétoines. Parmi les espèces remarquables, le Taupin ferrugineux (Elater ferrugineus) dont la larve est prédatrice des larves de cétoine… L’expérience est prévue sur 10 ans et fera l’objet de publications.

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